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RECHERCHES SUR MOLRE.
bons mots et de ces bons contes qui faisaient rire dm pères; enfin ne pas oublier le Fraruion, ouvrage vraiment remar­quable, qui parut trente ans avant k Roman ootniqw, et qui a le double rite d'avoir fourni plus d'un trait à l'auteur du Cocu imaginaire et à celui de Gil Blas. On verrait encore sur les mêmes tablettes quelques livres chargés de remarques et sans cesse feuilletés, tels que Rabelais, Bocc, Cervantes, Scarron, Beroald de Verville, la Satire Ménippée, les Essais de Montaigne et les Provinciales. L'histoire de la biblio­thèque d'un homme de lettres n'est point une chose indiffé­rente. C'est là seulement que nous pouvons saisir à leur source les premières inspirations du génie, retrouver la page, la ligne, le mot qui les ont éveillées, et sentir tout-à-coup comment une pensée qui nous eût semblé indigne de notre attention a pu faire naître une pensée sublime. »
Nous serions trop heureux sir.en inventoriant les papiers de Molière, les notaires chargés de ce soin avaient pu nous donner un aperçu, méme plus sommaire encore que celui des livres, des manuscrits et des correspondances qui devaient se trouver à Paris et à Auteuil ; mais ils se sont bornés, sui­vant l'usage, à analyser les titres destinés à être gardés dans les archives de famille. Les papiers inventoriés chez Molière sont peu nombreux, mais, en ne voyant à la fin de la première journée consacrée à les analyser que seize liasses ou cotes, il est permis de penser qu'on détruisait au fur et à mesure, et après lecture faite, tous ceux qu'il n'était pas absolument nécessaire de conserver. Les plus anciens de ces titres sont les lettres de provisions de la charge de valet de chambre tapissier du Roi obtenues par Molière à l'âge de quinze ans, la lettre par laquelle il s'était démis de cette charge, en 1643, et deux autres pièces relatives à la même affaire1. A l'excep­tion de cette liasse, les autres papiers ne remontent pas au delà du retour de Molière à Paris eil 1658. L'année même il s'acquitte d'une vieille dette eniers Jeanne Levé2, Molière
1. Cote dix.—2. Cote treize et document n° XXVIII.